2019-11-CastetSteChristie

Le castet de Sainte-Christie d’ArmagnacUn site exceptionnel pour comprendre les techniques d'architecture de terre crue

Le bourg de Sainte-Christie-d’Armagnac (Gers) comporte un riche patrimoine, récemment inscrit et classé au titre des Monuments historiques. Depuis trois ans, une équipe de chercheur basée au laboratoire ITEM s’attache à comprendre la genèse de ce site, en étudier les différentes structures et profiter du programme de restauration et de valorisation.

Le site se compose d’une motte féodale, d’une église paroissiale, de deux portions de rempart en terre crue, d’un pigeonnier-porte et d’un logis à pan de bois. Aujourd’hui, la partie centrale du site est une cour entourée de l’église et du logis seigneurial qui étaient protégés par des fossés. Cet espace qui se présente à nous comme un espace seigneurial, accueillait jusqu’au début de l’époque moderne un village composé d’ostau (maisons).

Le principal atout de ce site est son architecture de terre crue de la fin du Moyen Âge, deux éléments de rempart, conservés en élévation, ce qui est exceptionnel. Une portion à l’ouest est conservée sur une longueur de 18,70 m environ et une hauteur de 6,90 m. Des analyses micro morphologiques vont être réalisées afin de mieux comprendre la chaine opératoire de la terre crue, matériaux qui fait l’objet d’un intérêt croissant. Différents travaux ont permis de déterminer que, dans le cas d’élévations en terre crue, les caractères morphologiques microscopiques (traits) des couches permettent de caractériser la terre (propriétés et origine), ainsi que certaines étapes de sa préparation et de son application pour confectionner l’élévation (mélange de terre (s), ajouts végétaux ou minéraux, degré de malaxage, degré d’humidité au moment de la préparation et l’application, tassement). La technique utilisée est celle de la terre massive en lits filants sans qu’il soit pour le moment possible de distinguer la méthode utilisée (pisé ou bauge).

En parallèle, deux campagnes de fouilles ont déjà eu lieu, permettant de

sonder le fossé de la motte et de fouiller deux silos présents sous le logis à pan de bois de la fin du Moyen-Âge. Ce dernier a aussi fait l’objet d’une modélisation 3D afin de réaliser une étude de bâti. Les maçonneries de l’église paroissiale conservent des éléments de bâtiments anciens imbriqués les uns dans les autres. Les murs sont composés d’appareils très divers dont certains pourraient être très précoces. L’usage d’une caméra thermique a permis de repérer sous les enduits actuels des ouvertures totalement inédites et de repérer le type d’appareil employé. Les parties les plus anciennes des maçonneries pourraient éventuellement être mises en relation avec les sarcophages monolithiques qui ont été exhumés par les fouilles du XIXe siècle.

Ce projet de recherche s’engage en 2020 dans un programme triennal.

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Contact : alain champagne (alain.champagne @ univ-pau.fr)