Parution de l'ouvrage "Le Récit sans fin : Poétique du récit non clos"Sous la direction de Michel Braud
Publication : Le Récit sans fin : Poétique du récit non clos, sous la direction de Michel Braud, Classiques Garnier, collection « Théorie de la littérature », 2016.
La théorie de la littérature apparaît souvent aux non-spécialistes comme un domaine étrange, fermé sur lui-même, déconnecté de la vie. Et, pourtant, elle est régulièrement en prise directe avec notre perception du réel. C’est le cas de la réflexion que développe ce volume collectif issu d’un séminaire du Centre de recherches poétiques, hstoire littéraire et linguistique (CRPHLL). On croit savoir ce qu’est un récit parce qu’on en raconte tous les jours et qu’on s’en représente l’organisation : une situation initiale, une transformation et une conclusion. Mais en réalité, un autre modèle narratif a existé et s’est affirmé au fil des siècles, qui ne comporte pas d’action ni de conclusion. Ce type de récit narre les événements comme s’ils étaient infinis, donne l’impression qu’il pourrait continuer indéfiniment. Ces histoires ne tendent pas vers une fin mais s’attachent à transcrire le temps qui passe, à faire la chronique d’un moment de vie ou d’un monde.
Les exemples sont nombreux depuis le Moyen Âge et se rencontrent de plus en plus fréquemment dans la littérature contemporaine. On peut alors s’interroger sur le mouvement qui pousse les hommes à sortir du récit traditionnel et explorer les modalités d’une représentation du temps au long de son écoulement. Le récit ne semble plus organisé en relation à un terme mais devient une enquête à la fin incertaine, manifeste son propre déroulement, se suspend en description ; les histoires racontées se dédoublent, se fragmentent ; les trames narratives se tressent sans se clore. Toutefois, si le récit paraît avoir perdu à la fois son unité et la tension qui l’orientait, il demeure porté par une dynamique qui assemble les fils des intrigues et les descriptions, qui combine et relance la narration, qui en souligne les échos. La littérature parle bien de ce que nous sommes.