2018-ReticulariteTerritorialites

L'auteur

Frédéric TessonProfesseur des universités

- Vice-président CFVU de l’UPPA
- Membre élu du conseil de l'UMR 5319 PASSAGES
- Porteur du projet SPACE - "nouveau cursus à l'université" (PIA 3)

Les derniers ouvrages parus aux PUPPA

Réticularité, territorialités, mettre des concepts sur les mots de tous les joursPar Frédéric Tesson

Frédéric Tesson, géographe au laboratoire de sciences humaines Passages, vient de publier la synthèse de ses recherches, De la spatialité des acteurs politiques locaux, territorialités et réticularités aux éditions PUPPA. Entretien sur le fruit de plusieurs années de recherche impliquée.

 

Dans votre livre, vous parlez de « réticularité », le fonctionnement en réseaux : pouvez-vous nous donner un exemple de ce concept dans la vie de tous les jours ?

L’exemple le plus connu est celui des passagers du bus qui consultent leur téléphone portable. Ils se trouvent dans un espace, le bus. Ils sont en mouvement et traversent un autre espace, les rues. Mais ils s’absentent de cet espace et de cet entre-deux où ils ne veulent pas être…. Du moment qu’ils arrivent à leur destination ! Ils sont connectés à leur réseaux (sociaux, familiaux, personnel) tout en étant présents. C’est assez éloquent lors d’incivilités, comme parler fort, ou lorsqu’il y a une panne : on assiste à un retour dans l’espace. C’est ce que je propose comme réticularité : le fait d’occuper des points de transits en s’absentant de l’espace.

Et c’est aussi le cas avec votre sujet d’étude : les acteurs politiques sont des personnes réticulaires. Par contre, vous notez une tension avec un retour au territoire ?

Un maire peut choisir de travailler sur un projet commun avec un maire d’une autre commune, même si elles ne sont pas limitrophes, comme Pau et Tarbes. Ces personnes interagissent avec des personnes qui ne sont pas dans leur territoire mais qui sont dans leur réseau. La réticularité nie la continuité de l’espace. Sauf que les acteurs politiques locaux ont un mandat électif qui les rattachent à leurs devoirs territoriaux. C’est une vision qu’ils se construisent et qu’ils ont d’eux même. Il y a donc une tension entre une société mobile et l’acteur politique qui malgré ses efforts d’adaptation, est rattrapé par le territoire. Quand il travaille dans le train, il est dans son bureau mobile, mais lorsqu’il est dans sa commune, il est territorialisé. C’est comme s’il avait un fil à la patte.

Être territorial, être de réseau, qui sommes-nous finalement ?

Nous sommes un peu des deux, mais de plus en plus nous allons vers les réseaux, la réticularité. Bien sûr, le Temps a son importance : l’enfant de trois ans ou la personne âgée sont plutôt des êtres territoriaux. Territoires et réseaux ne se supplantent pas, ils co-existent. Du point de vue des concepts, c’est très intéressant pour un géographe. Dans le terme « espace », il y a « le territoire » et « la réticularité ». C’est ce que j’ai essayé de faire dans mon travail : clarifier les concepts et appeler les choses par leur nom pour les faire exister. Et si l’on peut mettre deux termes dans espace, pourquoi n’en existerait-il pas d’autres ? Et aussi, est-ce que les réseaux ne vont pas se territorialiser ? C’est ce qu’il nous reste encore à découvrir.

 

L’ouvrage aux PUPPA : http://www.presses-univ-pau.fr/cart/Details/161/21/spatialites/de-la-spatialite-des-acteurs-politiques-locaux

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